Actu.fr – Ville Sous-préfecture de Saint-Claude (Jura, 39) – « On arrive à la limite » : comment cette ville du Jura se bat contre le déclin et l’isolement (Septembre 2025)

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« On arrive à la limite » : comment cette ville du Jura se bat contre le déclin et l’isolement

À Saint-Claude, perte d’habitants, baisse des dotations, fermeture de la maternité : la sous-préfecture du Jura illustre la fragilisation des villes moyennes.

À Saint-Claude, la fermeture de la maternité en 2018 a marqué les esprits. La sous-préfecture du Jura illustre le recul des services publics dans les villes moyennes.
À Saint-Claude, la fermeture de la maternité en 2018 a marqué les esprits. La sous-préfecture du Jura illustre le recul des services publics dans les villes moyennes. (©AdobeStock)

Par Pierre Chemel. Publié le 2 sept. 2025 à 12h32.

À Saint-Claude, chef-lieu d’arrondissement du Jura, la crise financière de 2008 a eu de funestes conséquences sur l’industrie automobile. En quinze ans, la ville est passée de 12.000 à 8.700 habitants.

« On a perdu en population mais aussi en recettes fiscales, puis 20% de nos dotations, c’est-à-dire 5 millions d’euros sur un budget de 25 millions », rembobine le maire Jean-Louis Millet, qui a procédé à « une purge d’un tiers des agents communaux ».

La fermeture brutale de la maternité

En 2018, la fermeture de la maternité a fait l’effet d’une douche froide. « Un jour, les sages-femmes sont arrivées le matin et la porte était cadenassée avec une chaîne », raconte l’élu DVD, qui a vu également « partir la chirurgie », tandis que les urgences sont « sur la sellette ».

« On arrive à la limite de l’usure »

Pour Jean-Louis Millet, la situation devient critique : « On arrive à la limite de l’usure. Aujourd’hui je me bats contre la fermeture de la voie ferrée des Hirondelles, car je sais que des étudiants abandonneront leurs études s’ils n’ont plus de train. »

Selon lui, la fragilité de Saint-Claude tient davantage à son isolement géographique de territoire de montagne qu’à son simple statut de sous-préfecture.

Un malaise qui dépasse le Jura

Maternités, tribunaux, usines, sites militaires… « Les villes sous-préfectures ont beaucoup perdu », déplore Fabien Verdier, maire de Châteaudun, chef-lieu d’arrondissement d’Eure-et-Loir symbole, selon lui, de cette « France des TER » éloignée des métropoles, où le « sentiment d’abandon » alimente le vote RN.Vidéos : en ce moment sur Actu

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Fondateur du « Mouvement pour le développement des villes sous-préfectures » en 2022, le quadragénaire se démène pour faire renaître sa ville de 13.200 habitants, au nord-ouest d’Orléans, après 30 ans de déclin accéléré par la fermeture de la base aérienne militaire 279. Fabien Verdier, insiste sur la paupérisation des habitants des sous-préfectures enclavées, prenant l’exemple de sa ville, où le taux de pauvreté caracole à 54% dans les quartiers populaires.

Nouvelles banlieues

« Nous sommes les nouvelles banlieues », martèle-t-il, plaidant pour « réirriguer les territoires ».

Un discours qui remet à l’agenda politique la question des inégalités spatiales.
Son association propose ainsi d’octroyer 100 hectares de foncier à chaque ville sous-préfecture pour développer des projets industriels, ou d’y redéployer des services déconcentrés de l’État.

Interrogé par l’AFP, le géographe Max Rousseau estime lui que les sous-préfectures sont « un ensemble composite de villes aux trajectoires et profils très diversifiés » et appelle à « cibler plus finement les territoires prioritaires ».

« Des indicateurs comme le taux de vacance immobilière, les revenus par habitant, l’évolution démographique, de l’emploi permettraient de cartographier les territoires à prioriser », remarque-t-il.

Avec AFP

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